Si vous vous rendez en Birmanie, vous aurez certainement besoin de savoir où se trouve sa capitale. Et pour tous ceux qui penseraient qu’il s’agit de Rangoon, sachez qu’elle a été déplacée en 2005 à Naypyidaw par la junte Birmane. Naypyidaw, cela signifie en birman la Cité Royale, ou la demeure des roies.
La capitale de la Birmanie se trouve donc aujourd’hui à plus de 300 kilomètres de Rangoun. Située dans la région de Mandalay, elle longe le fleuve Sittang, et ne compterait pas même 1 million d’habitant (ce chiffre serait même plus faible selon les dernières estimation du journal anglais le Guardian. Les journalistes et reporters qui s’y sont rendus ont tous parlé d’une ville fantôme, dans laquelle n’habiteraient en réalité que les fonctionnaires du régime. Naypyidaw est donc beaucoup plus une entité administrative qu’une réelle capitale économique et culturelle de la Birmanie. Et les raisons de son déplacement sont encore aujourd’hui très mystérieuses (entre enjeux stratégiques, isolationnisme, paranoia et astrologie).
Si l’on regarde Naypyidaw depuis le ciel (ou grâce à Google Earth), on a l’impression d’être plutôt face à une séries de bâtisses isolées, et non pas à une ville à proprement parlée. Recouvrant tout de même plus de 7 000 kilomètres carrés, elle accueille les ministères birmans, qui sont tous uniquement accessibles par des routes sous la surveillance des militaires. Un projet dénué de vie, mais qui aurait représenté plus de 4 milliards de budget.
Découvrez tous les secrets de la capitale birmane dans l’article d’aujourd’hui.
Un peu d’histoire
Naypyidaw est donc la nouvelle capitale de la Birmanie depuis 2005. Située dans une zone tropicale, cela a représenté un véritable exploit pour la jungle de la déplacer dans cette région, puisqu’il a fallu déboiser plus de 7 000 km² et couper des arbres faisant parfois plus de 30 mètres de haut.
Cette ville a une signification particulière pour le régime birman puisque c’est ici que le général Aung San avait fait construire son quartier général lors de la seconde guerre mondiale et des conflits qui opposaient la Birmanie à son occupant japonais. Après son assassinat, et l’indépendance du pays en 1948, ce fut le point névralgique des guérilleros communistes, et donc une région en proie aux conflits armés et très militarisés.
En effet, la ville serait d’ailleurs beaucoup plus construite dans son sous sol que sur terre. Sous Naypyidaw, on trouve un réseau impressionnant de tunnels, plus d’une centaine selon les rumeurs, dédiés entièrement à l’armée. Construits avec l’aide d’ingénieurs de Corée du Nord, ils permettaient d’entreposer les équipements et chars d’assaut.
La communauté internationale a même soupçonnée dans les années 2010 que le régime de la junte birmane y dissimulait son intention de se munir de l’arme nucléaire. En réalité, il semblerait qu’il s’agisse plutôt d’un point stratégique pour assurer la liaison entre les différentes casernes militaires régionales.
Pourquoi la junte a déplacé la capitale birmane ?
Comme on l’a vu, la capitale birmane ne s’est pas toujours trouvée à Naypyidaw. Si dans l’histoire du pays, elle a souvent changé d’endroit, elle est restée pendant de nombreuses années à Rangoon, qui reste encore aujourd’hui l’une des villes les plus visitées de Birmanie.
Cependant, la junte militaire au pouvoir en Birmanie depuis la fin des années 1980 décide de la délocaliser et de la déplacer du jour au lendemain dans cette zone tropicale très isolée. Les raisons qui expliqueraient cette décision sont encore obscure pour les observateurs étrangers. Si beaucoup soupçonnent une crise de démence du chef de la junte, Wikileaks suggère de son côté qu’il s’agirait d’une volonté stratégique des militaires d’étouffer les mouvements de contestation qui commençaient à se former à Rangoon.
En attendant, la nouvelle capitale de Birmanie attire très peu de visiteurs. Et pour cause, elle offre bien moins de distractions que Rangoon, excepté la possibilité de faire du golf (on y trouve 4 parcours) ou de visiter un zoo dans lequel vivent même des pingouins. Sans compter les gigantesques centres commerciaux, dans lesquels on croise à l’occasion les représentants des organisations internationales qui ont désormais élu siège à Naypyidaw. Les alentours sont complètement déserts et le tout donne l’impression de se trouver dans une véritable ville fantôme.
Une ville fantôme
Au final, comme beaucoup de projets menés puis avortés par la junte militaire, la nouvelle capitale de Naypyidaw donne une impression d’abandon. Malgré les grandes ébauches qui avaient été dessinées par le pouvoir, beaucoup ont été laissé comme lettre morte, comme le réseau de métro, par exemple.
D’après les journalistes, l’évolution de la capitale, qui a maintenant près de 15 ans et très lente. Et au lieu d’un million d’habitants, on en compterait en réalité 10 fois moins. Les rares visiteurs expriment la sensation d’évoluer dans une ville morte, où les seuls piétons que l’on peut croiser sont les balayeurs publics. Une image très éloignée des cartes postales de la Birmanie.